mercredi, juin 21, 2006

Black : Hard boiled.


Développé par les très british Criterion (créateurs de la série Burnout et du moteur 3D Renderware), maintenant passés dans le giron du géant américain Electronic Arts, Black est leur première tentative dans le genre FPS et le moins que l'on puisse dire c'est qu'ils se sont lancés dans l'entreprise de manière frontale.

Ici, le joueur tue un ennemi toutes les cinq secondes, soit douze ennemis par minute, soit sept cent vingt ennemis par heure, soit environ sept mille deux cent ennemis à la fin du jeu. Voilà, cela vous permet d’avoir une petite idée de l’intensité de l’entreprise. En somme, il s’agit du FPS replacé dans son contexte le plus primal, une sorte de connexion directe avec le cerveau reptilien. Pour réussir à procurer ce type de sensations, Criterion a fait un travail de mise en situation étonnant. Le héros de Black, Jack Keller, n'est finalement qu'une abstraction, une sorte d'outil qui permet au joueur de manipuler les véritables stars du jeu qui sont les armes. Elles sont rutilantes et superbement détaillées. Ce parti-pris s’impose finalement par sa logique, de l’effet de flou lorsque Jack recharge, au bruit d’apocalypse qui s’échappe du moindre pistolet en passant par les traces laissées par les balles, tout est fait pour que les armes aient une existence à part entière. A travers elles, le joueur sent monter une sensation de puissance qui confinerait presque à un orgasme lorsqu'elles se déchaînent et c’est justement là-dessus que les développeurs ont mis l’emphase. L’énergie des armes est constamment visible à l’écran : les impacts de balles brisent les vitres, font des trous dans les murs, font voler la tôle, brisent le bois, font exploser les voitures, les réservoirs d’essence… etc. Le décors réagit au contact de ces étoiles filantes métalliques qui le pénètre et le malaxe et soudain le jeu devient une sorte de valse sensuelle, un ballet d’explosion, de fumée, de poussière et de verre scintillant.

Sans dire que le jeu est subtil, Black n'est pourtant pas aussi bourrin qu'on pourrait le supposer. Le jeu intègre de système de checkpoint propre à l'arcade. Chaque niveau dispose d'un checkpoint en son milieu à quoi s'ajoute la possibilité de sauvegarder qu'une fois le niveau terminé. Il est donc fortement déconseillé de foncer bille en tête et ce dès le mode Normal car les ennemis sont très très nombreux et sans aucune pitié. Il faut donc utiliser le décors à son avantage, en sachant qu'il est possible (et fortement recommandé) de l'utiliser contre les ennemis, afin de progresser dans les huit grands niveaux qui composent le jeu. En mode Black Ops, Black se joue un peu comme un Goldeneye 007 sous amphétamine, néanmoins c'est ce mode qui montre au mieux le travail des développeurs.

Malgré les indéniables qualités développées plus haut et un plaisir certain (et un peu coupable) à être pratiqué, Black ne s'impose tout de même pas comme un chef-d'oeuvre, ni même comme une éventuelle renaissance du genre, mais simplement comme un jeu d'action survolté à la progression tendue et rythmée. Ce n'est déjà pas si mal.

Black. Joué sur Microsoft Xbox. Développé par Criterion Games (UK). Edité & distribué par Electronic Arts (USA). 60 Hz - 16/9 - Dolby Digital 5.1 - VO disponible.