mercredi, août 02, 2006

Pensées désordonnées sur les jeux vidéo et la Wii.


L'arrivée future de la Wii soulève de nombreuses questions que les fans de Nintendo se gardent bien de poser et encore moins d'y répondre.
Mais précisons quelques éléments auparavant.
Pour simplifier, je dirais qu'il y a deux grandes tendances actuellement (et depuis quelques temps déjà en fait). D'un côté, on trouve les jeux dont la prétention n'est autre que d'amuser, de faire jouer (et il ne faut rien voir de péjoratif dans ces propos). De l'autre, on trouve les jeux dont le but est de faire vivre une expérience interactive au joueur. Il faut tout de même préciser que ces deux tendances se sont réellement dessinées, et là je simplifie un peu également, lors des débuts de l'ère 3D, c'est à dire à partir des années 1994-95 avec l'arrivée de la PlayStation de Sony.
Dans le cas de la seconde tendance, il faut également ajouter qu'une expérience interactive n'est pas nécessairement ludique. En effet, on peut se demander si Silent Hill ou Condemned : Criminal Origins sont fondamentalement ludique ? Pour ma part, je n'en suis pas convaincu. Cela dit, ça ne m'empêche pas de préférer le jeux vidéo lorsqu'il cherche à me faire vivre une expérience que lorsqu'il cherche simplement à m'amuser. Parce qu'une expérience sous-entend vivre une autre vie et cela implique que je peux en tirer quelque chose qui va continuer à m'habiter bien après avoir éteint la console. Malgré tout, il faut savoir que les "jeux expériences" n'existeraient pas sans les "purs jeux" dont ils empruntent règles et sous-règles mais en les structurant différemment. Les deux tendances sont donc, de toute manière, complètement liées l'une à l'autre. Je suis d'ailleurs loin de rejeter un jeu purement amusant comme par exemple Jet Set Radio (et même son remix Jet Set Radio Future) que je considère comme un chef d'oeuvre du pur jeu vidéo. Il faut aussi préciser que je suis un fan absolu de SEGA... Enfin, du SEGA jusqu'à l'arrêt de la Dreamcast parce qu'après bon, c'est devenu nettement moins brillant malgré quelques occasionnels sursauts.
Bref.
Après presque vingt ans de jeux vidéo, il est naturel que mes goûts aient évolué et que mes attentes soient différentes et même si je continue a éprouver une grande nostalgie à l'égard de SEGA et de ses différentes consoles passées, je suis par exemple très sceptique concernant les orientations ludiques de Nintendo avec sa DS ou sa future Wii. Nintendo aimerait bien nous convaincre que ces consoles constituent le triomphe du pur jeu vidéo et du reste ils ont totalement convaincu leur base, que je nomme les "Nintendorks", qui voit en eux la révolution tant attendue. Mais la réalité, comme le dirait notre cher agent Mulder, se trouve ailleurs.
Il y a dans le concept de la Wii (qui n'est qu'une évolution du concept de la DS) quelque chose de terriblement restrictif, je dirais presque quelque chose qui contredit la notion même de jeu vidéo. Le jeu vidéo est parti d'une simplification extrême (Pong) pour aboutir à ce qu'il est aujourd'hui en passant par de nombreuses évolutions et transformations et aujourd'hui Nintendo prône un retour à une simplification extrême comme si une boucle se bouclait, retour à la case départ en quelque sorte. C'est une façon de nier vingt-cinq ans d'évolution. Il y a quelque chose qui me semble dangereux là-dedans sans que je puisse encore en cerner la ou les raison(s). Mais, je sais pas, ça a la saveur d'une tentative de meurtre...
Ma théorie, encore embryonnaire, est que la finalité de Nintendo est simplement d'ordre économique voilà pourquoi ils sont tellement impatients d'attirer ce public de newbies effrayés par la manipulation d'un pad qu'ils jugent trop complexe. Ce public représente pour Nintendo la possibilité de redevenir numéro 1 du marché. Le problème c'est qu'ils veulent vendre du jeu vidéo a un public qui est fondamentalement réfractaire au genre puisque, grosso modo, c'est un public qui a resisté au raz-de-marée des deux PlayStation et pour séduire ce public, il faut nécessairement simplifier les jeux à l'extrême ou bien créer des nons-jeux (Brain Training, Nintendogs... etc.). C'est à dire, en gros, il faut dénaturer les jeux vidéo et quelque part nier leur évolution.